Gaz de schiste, non merci !
Publié dans le Monde libertaire du 11 octobre 2012
Saint Christol les Alès (Gard)
Non au gaz de schiste
Samedi 22 septembre, environ 3000 personnes se sont rassemblées à St Christol-Les-Alès ainsi que dans 3 autres lieux en France -dont Tournan en Brie- dans le cadre d'une journée de mobilisation internationale contre l'exploitation des gaz et huiles de schiste. Des délégations du Guatémala, des Pays Bas, des USA étaient présentes aux côté de collectifs nationaux (Ardêche, Var, Gard, Hérault...) qui demandent l'abrogation des permis et l'interdiction d'extraction d'hydrocarbures par fracturation hydraulique. Nous ferons ici l'impasse sur les interventions des élus comme Bové et éviterons de polémiquer sur le prix des repas et boissons peu accessibles aux revenus modestes. Une balade entre les stands des collectifs, et de leur invités ( les Faucheurs d'OGM, la Confédération paysanne, Greenpeace, Attac ) ainsi que notre présence dans divers ateliers firent de cette journée un moment riche d'informations, de rencontres et d'échanges sur la façon de s'organiser.
Sur l'extraction des gaz de schistes et ses effets sur la santé humaine et l'environnement
La technique de fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste consiste à fracturer les roches au moyen de l'injection d'un cocktail composé de vingt millions de litres d'eau par forage et de produits chimiques hautement nocifs pour la santé humaine. Ce procédé contamine les nappes phréatiques, les sources et les produits toxiques se retrouvent dans l'eau qu'on consomme. Les boues de forages stockés dans les bassins en surface contiennent de l'arsenic, du plomb, du mercure, du radium, qui détruisent la nature environnant le site de forage. Comme le montre le film « Gazland » tourné aux USA, la dangerosité de cette technique pour la santé humaine (maladie respiratoire, digestive, cancers..) et ses effets destructeurs sur l'environnement n'a plus à faire ses preuves.
Les collectifs de l'Ardèche et du Gard mettent également en avant les risques sismiques dans des régions sensibles avec un sous-sol déjà fragilisé par les énormes pressions mises en œuvre par la fracturation hydraulique. Ils dénoncent aussi le gaspillage dû à l'énorme quantité d'eau utilisée par ce procédé de forage. Dans leur gazette de février 2012, ils annoncent que le volume d'eau nécessaire à un puits de forage est équivalent à un jour de consommation d'eau potable des villes de Valence et Montélimar réunies.
Alors où en est-on des lois et des permis ?
Le code minier stipule que l'Etat est seul propriétaire du sous-sol. L'Etat seul a la possibilité de délivrer, d'annuler ou d'abroger des permis. Après une très forte mobilisation, la loi du 13 juillet 2011 est votée. Elle interdit la fracturation hydraulique mais ne se prononce pas sur l'utilisation de ce procédé à des fins expérimentales, de même qu'elle ne définit pas ce qu'est la fracturation hydraulique. Les industriels vont se servir de ce flou pour contourner la loi. L'extraction des gaz et huiles de schiste devient un marché juteux pour les compagnies pétrolières. En octobre, les permis de Villeneuve-de-Berg, Nant et celui de Montélimar sont abrogés. Schuepbach Energy (pour Villeneuve-de-Berg et Nant) et Total (pour Montélimar) ont engagés un bras de fer juridique contre l'abrogation de leur permis. Aujourd'hui, 61 permis sont en vigueur, et beaucoup d'autres sont encore en instruction.
Dans le Gard, les permis du « bassin d'Alès » et de la « plaine d'Alès » ont fait l'objet d'arrêtés rendant possibles les déclarations de travaux auprès des mairies gardoises et ardéchoises concernées. Mardi 18 septembre, neuf maires gardois étaient contactés pour avis par le préfet du Gard censés informer de l'éventualité du début des travaux de recherche de la société suisse Mouvoil, détentrice du permis du bassin d'Alès, à cheval sur le Gard et l'Ardèche. Ce sera également le cas pour les maires ardéchois concernés le 27 septembre. Et pourtant Hollande avait affirmé qu'il n'y aurait aucun travaux d'explorations pendant son quinquennat.
Les collectifs de lutte et la VIA
Les collectifs en France sont au nombre de 254 réunis au sein d'une coordination nationale où ils échangent et travaillent sur des projets communs. Ils sont composés de gens « ordinaires », syndicats, et élus. Les collectifs organisent la mobilisation par ce qu'ils appellent VIA (vigilance, information, alerte/action). Cela consiste en une veille/vigilance : Ils font appel à chacun de nous pour repérer des camions sismiques, des convois, du matériel suspect et appeler un numéro de vigilance. Des « veilleurs »vont vérifier l'information et par l'intermédiaire de référents activer des pyramides d'alerte téléphoniques ( réseaux d'une centaine de personnes) pour lancer la mobilisation. Cette mobilisation aura pour but d'empêcher les travaux par des actions non-violentes de blocage. Les collectifs sont aussi présents toute l'année sur les marchés locaux et organisent des événements (projections, réunion publiques, rassemblements) pour diffuser des informations sur l'avancée des permis, des lois... et sensibiliser les gens concernés par les travaux.
En quoi cette lutte intéresse des anars ?
Même s'ils continuent à pratiquer des actions légalistes et citoyennistes comme la signature de pétitions, les lettres aux élus.., ceux qui s'impliquent sont conscients que seuls l'action directe et le rapport de force paieront pour empêcher les travaux et n'hésitent pas à le mettre ouvertement en avant.
Cette situation met à jour une fois de plus comme pour le nucléaire, les OGM... l'absurdité du système capitaliste. Ce système qui cautionne le fait que des multinationales avec la complicité de l'Etat n'hésitent pas à sacrifier notre santé et celle des futures générations, à détruire l'environnement et spolier nos richesses pour accroître leurs profits, remplir encore plus les poches des actionnaires et des banquiers. Cette lutte concerne un large public et participe à la contre-information servant à réveiller les masses endormies par le journal télévisé et la culture de la consommation.
En tant qu'anarchistes nous pouvons dire « oui » au scénario Négawatt tant réclamé par les anti-schistes, seulement si ces énergies renouvelables sont accessibles à tous et ne sont pas les proies du marché. Le seul garde fou est donc qu'elles soient gérées directement par les consommateurs organisés au sein de groupements où les décisions sont prises de façon horizontale. Nous n'avons pas besoin d'élus et de politiciens pour cela, mais d'une transformation radicale de la société.
Muriel (Groupe Gard Vaucluse de la FA)
Dernière modification : 10/12/2012 @ 18:26
Catégorie : - 5. Ecologie
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