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Appel unitaire à soutenir les 3 intérimaires de HARIBO
le lundi 3 juin à 14H00 à Nimes
Le lundi 3 juin prochain à 14 heures, le Tribunal des Prud’hommes de Nîmes examinera la requête de trois intérimaires pour la requalification en CDI des périodes d’emploi sous statut d’intérimaires qu’ils ont assumées depuis plusieurs années, de cinq à neuf ans, dans une entreprise du Gard qui s’est récemment illustrée par le licenciement non motivé d’un délégué syndical, licenciement annulé par l’inspection du travail.
Dans cette usine, la régulation de l’activité fait un usage considérable de cette « variable d’ajustement » puisqu’elle représente 23 % de son effectif et qu’on dénombrerait près de 700 contrats sous ce statut sur la période. Si le coût horaire de ces travailleurs, facturé charges comprises par les sociétés d’intérim, est supérieur à celui des salariés « normaux », la flexibilité ainsi obtenue par la réduction du nombre d’heures total travaillées, non seulement se révèle très rentable pour le patronat, mais ce qu’on oublie de dire, c’est que les salariés qui, faute de mieux, acceptent ce statut, deviennent après avoir été formés aux tâches spécifiques à cette production, une réserve permanente doublement précaire. Précaire, car c’est le plus souvent à la dernière heure de la semaine de travail que l’ouvrier apprend s’il reviendra ou non le lundi suivant. Précaire encore, car le contrat permanent passé entre l’entreprise et la société d’intérim fait que celle-ci, lorsque l’utilisateur habituel de cette main d’œuvre extérieure fait défaut, ne propose rien d’autre à ceux qu’elle prend soi-disant en charge, de manière à conserver disponible pour un besoin urgent une main-d’œuvre prête à l’emploi.
Le 15 mai 2013, avec une dernière et copieuse bénédiction du Sénat (169 voix contre 33), une majorité soi-disant socialiste a voté la Loi dite de sécurisation de l’Emploi, confirmation législative de l’Accord National Interprofessionnel gagné sans grande difficulté par le Medef avec le concours du gouvernement. On cherchera en vain dans les 28 articles de l’ANI une référence à l’emploi d’intérimaires comme solution à une baisse temporaire d’activité. Tout au plus pourra-t-on relever à l’article 19 – Recours à l’activité partielle : « En dehors du nouveau régime unifié, abrogation des autres dispositifs d’activité partielle qui tomberont de fait en désuétude. »
Plus inquiétante, l’Annexe à l’article 22 relatif à l’expérimentation du contrat de travail intermittent, dans laquelle on peut lire : « Branches professionnelles qui souhaitent bénéficier à titre expérimental pour leurs entreprises de moins de 50 salariés d'un recours direct au contrat de travail intermittent afin de pourvoir des emplois permanents comportant, par nature, une alternance de périodes travaillées et non travaillées. »
Étendre, ne serait-ce qu’à titre expérimental et pour les entreprises de moins de 50 salariés, le concept d’intérimaire à celui d’intermittent pourrait bien cacher l’intention de normaliser ce type de contrat de travail. Quand on connaît les problèmes que soulève ce régime chez les salariés du spectacle, on ne peut que s’interroger sur la destination finale de cette « expérimentation » et inviter tous les travailleurs et leurs organisations syndicales à se méfier contre des négociations avec le patronat dont on connaît plus que jamais l’issue.
Le cas auquel nous faisons référence n’est pas isolé, mais il est très représentatif des possibilités laissées aux entreprises d’une certaine taille pour réduire au strict minimum l’effectif permanent de leurs salariés sous contrat et permettre à de nouveaux « marchands d’esclaves » de tirer profit de cet abus sous l’aspect d’une mission à caractère social faisant de la précarité un choix personnel des victimes du chômage.
Nous affirmons notre solidarité avec les intérimaires pour qu'ils soient rétablis dans leurs droits et sortent du système des contrats précaires pour des CDI qu'ils accèdent ainsi à une meilleure sécurité de l'emploi qui les protège, eux et leurs familles.
Premiers Signataires de l’appel : NPA 30, Syndicat SUD Transports Urbains du Gard, Fédération anarchiste 30-84, AL 30...