Nouvelles
Non violence dissonante.
<<Toute forme de mépris, en politique, [...] prépare ou instaure le fascisme>> Albert Camus
A Montpellier, au rassemblement en hommage à cet homme tué par la police le 24 octobre 2014, si peu nombreux étions nous que d'emblée je regrettais les drapeaux, tous. Qu'il y ait eu quelques sifflets à cet égard et autres escarmouches de mots devant la cop's compagnie hilare m'a semblé moins regrettable que les velléités de rendre oeil pour oeil et dent pour dent; je ne cautionne pas par ma présence l'appel au meurtre ou au déferlement de haine et de violence pouvant mutiler ou tuer, de quel bord soit-il : " un bon flic est un flic mort " est un acte verbal du même acab-it que ceux d'un Hooligan du PSG et les rangers ou les doc's, le pantalon paramilitaire, dont on ne sait jamais très bien s'ils sont d'extrême droite ou d'extrême gauche, me font dans tous les cas craindre le pire de la pensée politique; comme les foulard, keffieh, cagoule et sweat à capuche dont se pare la police en se mêlant aux manifestants si bien qu'on ne sait plus à qui on a affaire, sur qui l'on peut compter quand elle lance ses provocations violentes conjointement de derrière sa ligne et de l'intérieur. Qui sont des stratégies policières de " terrorisation ".
Je pense à mon voyage de quelques mois en Colombie et aux risques que comporte le moindre acte politique d'opposition pour la vie et l’intégrité du militant, syndicaliste, intellectuel, je pense aux méthodes de sicarios de la police, des militaires, des paramilitaires, de la mafia, qui portent ces mêmes masques de braqueurs quand ils tuent; ou au Mexique. Là-bas je peux admettre que l'on ait soin de cacher son visage, ses activités politiques, sa famille à l'étranger ou que l'on soit dans l'obligation de défendre para militairement ses droits. Ici nous avons encore comme arme justement de montrer nos visages plus nombreux et plus déterminés que jamais et nous avons d'autres armes dont le droit n'est pas la moindre. Nous les avons encore.
Le droit à envahir la rue qui est nôtre, et nos ZAD, c'est à dire à nous réunir et nous organiser, à définir nos mandats, à fourbir nos enquêtes et à les diffuser, à dénoncer le terrorisme d’État et la mafia qu'il sert et à les révoquer. A compter sur le maximum de gens autour de nous, avec nous. Toujours plus.
La stupeur provoquée par la mort de ce militant totalement désarmé et fuyant, par explosion d'une grenade offensive dans son dos, n'est pas plus grande que celle que provoquent la signification politique d'un tel meurtre, l'absence de réaction politique, civile comprise, les manipulations médiatiques, qui, loin d'être sans précédent, atteignent un paroxysme; et la famille de ce jeune homme ne peut empêcher que tout un chacun se dise <<cela pourrait être moi si je descends dans la rue qui est pourtant mienne>>. Il est plus facile de lutter contre la peur quand l'ennemi est en face, identifié et identifiable. Et quand nous sentons en nous la puissance de l'accord de non violence dans toutes nos actions, puisque c'est le but. La non violence ne rend-elle pas plus lisible la violence ?
Une autre arme est d'échapper à la manipulation, de ne pas s'y prêter; de ne pas s'y adonner non plus. La révolution est celle de l'angle plat, à 180 degrés de la pensée libérale républicaine, de toute forme de monopole du pouvoir, de toute instrumentalisation, elle ne se pense plus à son tour manipulatrice comme elle ne se pense plus capitaliste. La violence contre la police sert la police et l’État. Et le fascisme.
Nous avons d'autres arguments plus valables et plus heureux pour cette lutte : ZAD partout !
Valdero, novembre 2014