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4 Une soirée chez les GASiers

Nîmes - Une soirée chez les GASiers de la Placette

Voilà 3 ans que les Gasier-e-s (les membres du GASE, Groupement d'Achat Solidaire et Ethique) se réunissent une fois par mois dans ce local associatif du centre de Nîmes. Ce soir, une bonne trentaine de personnes ont trouvé place autour de la grande table. Avant que la séance ne commence, on tchatche, on prend des nouvelles des uns et des autres... Une ou deux bouteilles de vin rosé sont débouchées et parcourent les verres tendus. Par terre, dans de grands sacs ou des cagettes, il y a des jus de fruits en bouteille, des paquets de riz de Camargue, des barquettes de fraises et de framboises, des pâtes, des oeufs, du café du Chiapas... Dans le brouhaha, on demande des candidat-e-s pour organiser les tours de parole et pour le compte-rendu de la soirée.


 

Comme c'est instauré habituellement, la soirée va se découper en trois temps. Le premier sera une présentation de produits par les producteurs eux-mêmes, invités par des Gasiers. Le contact est direct. Le premier à être présenté est un maraîcher de la plaine de Beaucaire. On le sent fatigué, sous son discours calme et parfois drôle. Il est agriculteur bio, et toute sa production part pour la plate-forme régionale du réseau des Biocoops. « L'année dernière, mes terres ont été inondées, puis j'ai subi le gel sur les cultures : je vais manquer de production, je suis fatigué et économiquement, c'est très dur en ce moment. Si je suis là ce soir, c'est aussi parce que je ne sais plus à qui je vends mes produits : quand j'amène ma palette au marché gare, on me remet un bordereau et voilà. J'ai besoin aussi de voir les gens à qui je vends mes produits, qu'ils me disent si c'était bon ou pas... Et puis, c'est plus intéressant pour moi, au niveau des prix. » L'écoute est attentive, et on prend en pleine face le vécu d'un paysan des temps modernes. C'est concret, et çà renvoie bien des questions aux consommateurs du GASE. A notre tour, nous répondons à ses questions sur notre fonctionnement.

Puis, c'est un fonctionnaire d'une chambre d'agriculture voisine qui nous explique la reconversion... de sa carrière. En parallèle de son métier, il organise un démarrage de production de variétés anciennes de pommes de terre, dans la plaine d'Arles. Il en est à ses débuts, et espère monter en puissance jusqu'à vivre du travail de la terre. C'est sa façon à lui de lutter contre le grignotage de ces terres fertiles par les constructions des villes. Il est donc venu exposer son projet et jauger la demande que le groupement de consommateurs nîmois pourrait représenter en débouché.

Marjorie prend ensuite la parole pour expliquer sa production et la présenter. Près d'elle, ses deux enfants dessinent, patients, en écoutant distraitement les adultes. Elle participe à un Groupement d'Intérêt Economique, et avec d'autres, propose des plantes aromatiques cultivées et surtout cueillies en Cévennes. Françoise sera sa référente. Selon la charte du Gase, c'est donc elle qui transmettra les commandes au fournisseur, et les répartira à la prochaine réunion. Marjorie n'aura qu'un seul interlocuteur, et les Gasiers également, en la personne de la référente.

Puis c'est à une productrice d'abricots de Gallician (Petite Camargue) que l'on a affaire. « Les intermédiaires, j'en ai marre », assène-t-elle. « J'ai développé la vente dans le verger, ce sont les gens qui viennent récolter leurs fruits, c'est plus plaisant pour eux, je n'ai pas de main d'oeuvre, le prix du kilo est donc bas : tout le monde s'y retrouve ». Dégustation, argumentation : tout y est. Les enfants de Marjorie ont lâchés leurs crayons et se régalent d'abricots juteux. A l'avenir, c'est Edouard qui sera le référent interface entre les adhérents du Gase et la productrice. Cette façon de faire allège le travail militant, et permet sa répartition, en évitant toute centralisation de la gestion.

On arrive à la seconde partie de la soirée : les questions diverses. Un groupement d'achat d'Uzès organise une journée de rencontres et débats en juillet : qui peut y aller ? C'est le moment de passer commande pour les poulets de Beauvoisin... Une visite de la fabrique de pâtes bio a été négociée : qui veut venir ? On a trouvé un producteur de viande qui est plus près de Nîmes : qui se renseigne sur la production et les tarifs ? Le jeune producteur de confitures de châtaigne des Cévennes baisse encore ses prix : on se renseigne pour savoir si il ne travaille pas à perte avec nous.

Puis le troisième temps de la rencontre mensuelle arrive. C'est le moment où les référents en charge de la gestion des commandes et de la distribution répartissent les produits commandés. Dans un coin, on prend le café ; là, Christine pèse les pois chiches ; ici, Marielle distribue les bouteilles de jus de fruit ; ailleurs, les barquettes de fruits rouges sont délicatement confiées et encaissées... C'est le "marché" de la soirée, les sacs se remplissent et les discussions vont bon train pour envisager les prochaines commandes.

A l'écart, un couple arrivé en cours de soirée, est informé par des Gasiers du fonctionnement de notre groupement. Le Gase est autogéré et n'a même pas d'existence formelle, pas de Bureau, de statuts, juste une charte. Il est composé pour l'instant d'une vingtaine de familles. L'outil interface est un site internet, accessible aux seuls membres du groupement, et sur lequel sont répertoriés les produits proposés au cours des réunions mensuelles. Une liste électronique interne facilite les échanges, et permet de formuler les commandes de produits. Aucune condition n'est requise pour adhérer à part d'être coopté, aucune avance d'argent n'est demandée, il n'y a même pas de cotisation puisqu'il n'y a rien à payer. Ce mode de fonctionnement satisfait les Gasiers.

Progressivement, les paniers remplis, le local se vide. On remet la salle en ordre. Dernières bises, on se reverra dans un mois, même heure même endroit.


 

Daniel (Groupe Gard Vaucluse)


Date de création : 29/11/2012 @ 18:50
Catégorie : Dossiers à thèmes - 3. Dossier Autogestions et Groupements d'achats alimentaires (octobre 2012)
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Nouvelle 1

Motion sur l'antisémitisme


Les chiffres des actes antisémites commis en 2018, et révélés par le ministère de l’Intérieur sont effarants. En un an, les actes recensés sont passés de 311 (en 2017) à 541, soit un bond de 74 %. Pour autant, pour nous anarchistes, il ne s’agit pas d’une « résurgence de l’antisémitisme », parce que celui-ci a toujours été présent au cours de l’histoire et se répand de manière exponentielle aujourd’hui, notamment avec les réseaux sociaux.
L’antisémitisme, visant les Juifs, ou supposés tels, en tant que groupe religieux, ethnique ou racial, n’est pas le seul apanage d’une droite extrême ou se voulant "traditionnelle " ou "nationaliste". Il réapparaît plus fort à chaque crispation identitaire.
De tous temps, de nombreux prétextes ont été utilisés pour justifier l’antisémitisme. Mais l’antisémitisme, en tant qu’une des formes politiques du racisme, culmine lors de la Conférence nazie de Wansee, pour définir les modalités administrative, technique et économique, de la "solution finale de la question juive ". L’antisémitisme a également ciblé les Juifs par les purges staliniennes, comme lors du « complot des blouses blanches ».
Après la Seconde guerre mondiale et l’extermination des Juifs, la plupart des militant·es juifs et juives ayant disparu, s'en est donc suivi un silence lourd de conséquence sur la Shoah, y compris dans les rangs des militant·es anarchistes. Est-ce dû au fait que la Shoah nous questionne profondément en tant qu’êtres humains ?
Toujours est-il que, non seulement l’extrême-droite, mais aussi des éléments issus de l’extrême gauche ont commencé à développer des propos et des positions révisionnistes voire négationnistes sur l’existence même du massacre des Juifs… alors qu’il est aujourd’hui acquis par les historien·nes qu’entre 5,5 et 6,5 millions d’entre eux ont disparu durant ce génocide. L’antisionisme est une autre question. Il est donc important de mobiliser toutes nos forces pour combattre tous propos ou actes antisémites et de bien les dissocier de l’antisionisme. L’ignorance de ces faits alimente le négationnisme et le révisionnisme.
Les anarchistes ne traitent pas le nationalisme de l’Etat israélien autrement que n'importe quel nationalisme. L’Etat d’Israël est pour nous un Etat parmi tant d’autres, qui développe aujourd'hui une politique raciste, colonialiste et sous pression religieuse.
Nous continuerons à soutenir les Anarchistes contre le mur en Israël, tout comme les objecteurs·trices israélien·nes, de même nous soutenons la lutte de la population palestinienne opprimée, et ce parce que directement au coeur des combats pour la liberté de chacun·e.
Car nous avons bien conscience que la création de l’Etat israélien confirme la thèse anarchiste que la création d’un Etat ne peut se faire que dans la violence. Nous avons cependant également conscience que, se dire anti-impérialiste ne suffit pas à se prémunir contre l’antisémitisme.
Aussi, en tant qu’anarchistes contre toutes les formes de discriminations et d’oppressions, nous continuerons à lutter contre l’antisémitisme, et à combattre toutes les formes de racisme, notamment à l’encontre des migrant·es, des réfugié·es et des exilé·es, activement dans la rue, mais aussi en renforçant nos moyens de diffusion (le Monde libertaire, Radio libertaire, Editions du Monde libertaire, tracts, conférences, cycles de formation, etc.) par des argumentaires et des recherches historiques.
Le racisme et l’antisémitisme sont des armes de ceux et celles qui cherchent à diviser pour dominer. Nous les combattrons pied à pied.


Fédération anarchiste 78ème Congrès (Amiens juin 2019)

Nouvelle 2

Lettre au préfet du Gard: Relogez ! régularisez !

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